Périodisation de l'entraînement et prévention du surentraînement
- waspperformance
- 17 août
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Périodisation de l’entraînement et prévention du surentraînement : une approche scientifique de la performance
La périodisation de l’entraînement est une stratégie de planification visant à organiser les charges de travail pour maximiser la performance sportive tout en limitant les risques de surentraînement. Introduit par Matveyev dans les années 1960, ce concept repose sur l’alternance entre phases de charge et phases de récupération afin de provoquer une adaptation physiologique progressive (Issurin, 2010, Sports Medicine). L’objectif est de trouver un équilibre entre surcharge nécessaire à la progression et récupération indispensable à la régénération.
Le surentraînement survient lorsque la balance entre charge et récupération est rompue. Il se caractérise par une diminution durable des performances, souvent associée à une élévation chronique du cortisol, une perturbation de la variabilité de la fréquence cardiaque (HRV), une augmentation des marqueurs inflammatoires et une altération du sommeil et de la motivation (Meeusen et al., 2013, European Journal of Sport Science). Ces perturbations physiologiques et psychologiques peuvent entraîner des blessures, une immunodépression et un ralentissement de la progression sportive.
Plusieurs modèles de périodisation ont été étudiés. Le modèle linéaire, basé sur une progression continue de la charge, reste utilisé mais tend à montrer ses limites pour les athlètes de haut niveau soumis à des compétitions fréquentes. Le modèle ondulatoire ou “non-linéaire” alterne intensité et volume sur des cycles courts (hebdomadaires ou quotidiens) et semble favoriser de meilleures adaptations neuromusculaires (Rhea et al., 2002, Journal of Strength and Conditioning Research). La block periodization, développée par Issurin, repose sur des blocs concentrés de travail spécifique (force, puissance, endurance) suivis de phases de transfert, et apparaît particulièrement adaptée aux sportifs d’élite (Issurin, 2010).
La littérature scientifique met en évidence que la prévention du surentraînement repose avant tout sur une individualisation du suivi. Des outils modernes comme l’analyse de la variabilité de la fréquence cardiaque (HRV), les tests de lactate sanguin, les questionnaires psychométriques (RESTQ-Sport) ou encore le suivi de la charge d’entraînement via le TRIMP (Training Impulse) permettent de quantifier la fatigue et d’ajuster la programmation (Borresen & Lambert, 2009, Sports Medicine). L’utilisation combinée de ces indicateurs améliore la capacité à détecter précocement un risque de surcharge.
Un autre facteur déterminant est l’intégration planifiée de phases de récupération. Les microcycles (7 jours), mésocycles (4 à 6 semaines) et macrocycles (saison complète) doivent inclure des périodes allégées permettant la surcompensation et la régénération musculaire et nerveuse. Une mauvaise gestion de ces cycles est l’une des principales causes de stagnation et de blessures chroniques. En outre, des études récentes soulignent l’importance du sommeil, de la nutrition et de la gestion du stress psychologique comme variables essentielles dans la prévention du surentraînement (Halson, 2014, Sports Medicine).
En pratique, une périodisation efficace doit associer : une charge progressive adaptée à l’athlète, une variation régulière des stimuli d’entraînement, un suivi objectif et subjectif de la fatigue et une planification rigoureuse des phases de récupération. Pour les sportifs de haut niveau, la block periodization combinée à un suivi HRV et à des tests de performance réguliers semble aujourd’hui l’approche la plus validée scientifiquement pour concilier performance et prévention.
En conclusion, la périodisation n’est pas seulement un concept théorique mais une méthode fondée scientifiquement pour maximiser la performance et réduire les risques liés au surentraînement. L’individualisation et l’utilisation d’outils modernes de monitoring en font une approche incontournable pour tout athlète, du niveau amateur au sport professionnel.
Références scientifiques citées
Issurin VB. (2010). New horizons for the methodology and physiology of training periodization. Sports Medicine, 40(3), 189–206.
Meeusen R et al. (2013). Prevention, diagnosis, and treatment of the overtraining syndrome. European Journal of Sport Science, 13(1), 1–24.
Rhea MR et al. (2002). A comparison of linear and daily undulating periodized programs with equated volume and intensity. Journal of Strength and Conditioning Research, 16(2), 250–255.
Borresen J, Lambert MI. (2009). The quantification of training load, the training response and the effect on performance. Sports Medicine, 39(9), 779–795.
Halson SL. (2014). Monitoring training load to understand fatigue in athletes. Sports Medicine, 44(Suppl 2), S139–S147.




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