top of page

Entraînement à jeun et perte de masse grasse : ce que dit la science

Entraînement à jeun et perte de masse grasse : ce que dit la science


L’entraînement à jeun consiste à réaliser une séance sportive après une période prolongée sans apport calorique, généralement le matin, après une nuit de jeûne de 8 à 12 heures. Cette approche est utilisée par de nombreux sportifs pour optimiser l’oxydation des graisses et favoriser la perte de masse grasse. La logique physiologique repose sur le fait qu’en l’absence d’apport récent en glucides, les réserves de glycogène sont réduites et l’organisme augmente l’utilisation des lipides comme substrat énergétique (Van Proeyen et al., 2011, Journal of Physiology).


Plusieurs études ont montré que l’entraînement à jeun stimule l’activité des enzymes impliquées dans l’oxydation des acides gras, comme la carnitine palmitoyltransférase-1 (CPT-1), et améliore l’adaptation métabolique à long terme. De Bock et al. (2005, Journal of Applied Physiology) ont observé que des cyclistes s’entraînant à jeun pendant 6 semaines développaient une plus grande capacité à mobiliser les graisses, même lors d’exercices réalisés après un repas. Ces adaptations peuvent être intéressantes pour les athlètes cherchant à améliorer leur endurance et leur efficacité énergétique.


Cependant, l’augmentation de l’oxydation des lipides observée à court terme ne signifie pas nécessairement une perte de masse grasse plus importante sur le long terme. Schoenfeld et al. (2014, Journal of the International Society of Sports Nutrition) ont comparé un entraînement à jeun et un entraînement après un repas, sur 4 semaines, en contrôlant l’apport calorique total, et n’ont trouvé aucune différence significative dans la perte de poids ou de graisse corporelle. Cela suggère que le facteur déterminant reste le bilan énergétique global, et que l’entraînement à jeun est avant tout un outil complémentaire, pas une méthode miracle.


L’entraînement à jeun présente aussi certaines limites. Les réserves de glycogène réduites peuvent diminuer l’intensité de l’effort et la capacité à produire de la puissance maximale. Cela peut poser problème pour les séances de haute intensité ou les sports nécessitant des efforts explosifs. De plus, l’absence d’apport énergétique peut accroître le stress physiologique et augmenter la dégradation musculaire, en particulier si l’apport protéique total de la journée est insuffisant (Areta et al., 2013, Journal of Physiology).


Pour limiter ces risques, il est conseillé de réserver l’entraînement à jeun à des séances d’intensité faible à modérée, de courte à moyenne durée (30 à 90 minutes), et d’assurer un apport en protéines suffisant sur la journée (1,6 à 2,2 g/kg/jour). La consommation de caféine avant la séance peut aussi améliorer la mobilisation des acides gras et maintenir la performance (Acheson et al., 2004, American Journal of Clinical Nutrition).


Les bénéfices potentiels de l’entraînement à jeun sont donc surtout d’ordre métabolique, avec une amélioration de la flexibilité énergétique et de l’utilisation des graisses comme carburant. Pour les athlètes d’endurance, cela peut se traduire par une meilleure capacité à préserver le glycogène lors des compétitions longues. Toutefois, pour la perte de masse grasse pure, le rôle de l’entraînement à jeun reste secondaire par rapport à un déficit calorique bien structuré et à un entraînement global cohérent.


En résumé, l’entraînement à jeun est un outil intéressant pour stimuler l’oxydation des graisses et améliorer certaines adaptations métaboliques, mais il doit être utilisé de manière stratégique. Il ne remplace pas une alimentation équilibrée et un programme d’entraînement structuré. Les preuves scientifiques montrent qu’il peut apporter un bénéfice pour l’endurance et la flexibilité métabolique, mais que son effet direct sur la perte de masse grasse dépend avant tout du bilan énergétique global.



📌 Références scientifiques citées


Van Proeyen K et al. (2011). Training in the fasted state improves glucose tolerance during fat-rich diet. Journal of Physiology, 588(Pt 21), 4289–4302.


De Bock K et al. (2005). Effect of training in the fasted state on metabolic responses during exercise with carbohydrate intake. Journal of Applied Physiology, 99(2), 699–705.


Schoenfeld BJ et al. (2014). Body composition changes associated with fasted vs non-fasted aerobic exercise. Journal of the International Society of Sports Nutrition, 11:54.


Areta JL et al. (2013). Timing and distribution of protein ingestion during prolonged recovery from resistance exercise alters myofibrillar protein synthesis. Journal of Physiology, 591(9), 2319–2331.


Acheson KJ et al. (2004). Caffeine stimulates thermogenesis and lipid oxidation in humans. American Journal of Clinical Nutrition, 79(1), 40–46.

 
 
 

Commentaires


©2020 par WASP Performance. Créé avec Wix.com

bottom of page